Client attachiant, conversation décousue : quand l’écoute devient un vrai sport mental
Il faut savoir s’accrocher, mais le cœur y est.
Parfois, dans le téléphone rose, on se dit qu’on a tout vu, tout entendu. Et puis, un jour, Patience entre dans ta vie.
Ce n’est pas son vrai prénom, bien sûr. Mais c’est comme ça que tu l’appellerais si tu devais lui donner un surnom.
Il est différent. Très différent.
Handicapé, bègue, très sexuellement tourné… mais aussi extrêmement décousu.
Une phrase commence à gauche, finit à droite, bifurque en plein milieu et revient deux minutes plus tard sur un mot abandonné en route. Tu as à peine le temps de comprendre que vous étiez sur une scène érotique, qu’il est déjà en train de te parler de son fauteuil roulant, de la météo, ou du nom de sa voisine.
Et pourtant… tu restes en ligne.
Parce qu’il est touchant.
Il appelle souvent. Il revient. Il se souvient de toi. Il est fidèle.
Et même si l’échange est parfois épuisant, même si tu termines l’appel en te disant « ouf, j’ai tenu », tu sais qu’il t’a confié quelque chose. Son envie. Sa gêne. Son humanité.
C’est un appel où tu ne peux pas être distraite. Tu ne peux pas tricoter en même temps, ni répondre à tes mails, ni faire semblant. Il faut être là. Présente. Vraiment.
Et surtout, il faut éviter de juger. Parce que derrière son trouble du langage, ses phrases sans queue ni tête, ses allusions sexuelles parfois floues… il y a un vrai désir de lien.
Un besoin d’exister, d’être entendu, d’être pris au sérieux malgré tout.
Ce n’est pas un appel « facile ».
Ce n’est pas non plus un appel « glamour ».
Mais c’est un appel qui compte.
Et parfois, c’est dans ce genre de conversation un peu folle, chaotique, bancale, qu’on touche du doigt ce que signifie vraiment faire du téléphone rose.
Ce n’est pas juste du sexe. Ce n’est pas juste de la voix.
C’est de la présence. C’est l’art de rester là même quand c’est flou, même quand c’est bizarre, même quand c’est fatiguant.
Et ça, ça ne s’invente pas.
Alors, un conseil ?
Quand Patience arrive sur ta ligne, respire un bon coup.
Prépare-toi à tout… et à rien.
Et surtout, n’oublie pas que pour lui, tu es une ancre dans son monde trop mouvant. Une voix stable. Un repère.
Et ça, ça vaut toutes les conversations parfaitement huilées du monde.