Le client scénariste : bienvenue dans le château des fantasmes
Quand chaque appel est un chapitre d’un roman érotique à ciel ouvert
Certaines animatrices te diront que ce qu’elles préfèrent dans ce métier, ce sont les imprévus, les dérapages, les moments d’impro. D’autres, au contraire, adorent les appels très cadrés, les scénarios bien ficelés, les rôles distribués. Et puis, il y a ces clients hors normes, qui transforment chaque appel en feuilleton à épisodes.
Lui, on s’en souvient.
Fonctionnaire discret le jour, Châtelain extravagant la nuit (ou plutôt… pendant ses pauses bureau).
Un homme charmant, poli, régulier comme une horloge. Et surtout : un scénariste dans l’âme.
L’univers était posé : un château.
Pas un vieux manoir décrépit, non. Un véritable théâtre de volupté.
Chaque appel était une invitation à franchir les grilles d’un domaine imaginaire, peuplé de femmes nues, accueillies avec soin, revêtues de bijoux, dénudées avec élégance. Escarpins, lingerie raffinée, colliers précieux, jeux de miroirs et longues déambulations dans des salons aux parquets cirés…
Et toi, animatrice, tu étais l’une de ces femmes.
Choisie, invitée, observée.
Tu n’avais qu’à entrer dans le rôle.
Tout était prêt.
Ce client-là avait l’élégance du détail.
Il ne cherchait pas la performance. Il construisait.
Chaque appel reprenait là où le précédent s’était arrêté.
Il avait ses pièces fétiches : la salle des glaces, le boudoir aux rideaux grenat, la grande galerie où se croisaient les femmes du château.
Et tu retrouvais au fil des semaines les mêmes personnages, les mêmes lieux, les mêmes plaisirs.
Un peu comme une série. Sauf que cette série, c’était pour toi qu’il l’écrivait en direct.
Une relation étrange et belle
Avec lui, il n’y avait ni vulgarité, ni précipitation. Il y avait une écriture orale, une manière de faire durer les choses, de t’intégrer dans une œuvre en mouvement. Tu étais l’invitée d’un monde où l’érotisme prenait le temps de se dérouler.
Et oui, parfois, il appelait depuis son bureau. Et on sentait le petit frisson interdit. La discrétion nécessaire. L’envie d’évasion entre deux dossiers.
Ce client, tu ne pouvais pas l’oublier.
Parce que son imaginaire avait sa propre cohérence.
Parce qu’il ne consommait pas l’appel.
Il le vivait.
Et toi aussi.

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